Blind to the architects

chiasme incarne une poétique sonore où la voix devient un vecteur de transformation et un portail liant la matière à l’imperceptible.

Entre post-humanisme désenchanté et promesse d’une mue hybride; Inoculer les germes d’un futur éthéré sensible. La voix, plus qu’un instrument ; agit comme une force alchimique, apte à opérer des changements au plus profond du corps, jusque dans la mémoire cellulaire. Elle cherche la rencontre entre la précision chirurgicale et l’accident volontaire. Entre l’organique et le virtuel, sensualité et étrangeté, traversés par des interrogations profondes sur la condition humaine, les structures visibles et invisibles qui nous façonnent, et la manière dont nous nous inscrivons dans un mouvement plus vaste.

Arcam, artiste multidisciplinaire, explore les états transitoires des matières : inerte, vivante, non-vivante, pensante ou mécanique.

Lorsqu’iels sont déplacés de leur contexte d’origine, iels révèlent une expressi-
vité intense et une rupture avec la rigidité consumériste, figée et ready-to-use du monde capitaliste. Ces éléments se distinguent par leur nature hétérogène : d’origine naturelle ou fruit des métamorphoses humaines.

Leur rencontre a eu lieu à Marseille, dans un moment de convergence de leurs chemins. chiasme cherchait un refuge sonore, un espace où poser sa voix. Arcam a perçu une résonance immédiate entre leurs univers et l’a contactée. Loin d’un cadre purement technique, Arcam lui ai offert un espace vivant : un salon baigné de lumière, des plantes, du thé, une conversation avant même d’évoquer le matériel. Il ne s’agissait pas d’un échange entre ingénieur·e du son et musicien·ne, mais d’un dialogue entre deux sensibilités. Depuis, leur pratique s’est tissée dans l’écoute et le soutien mutuel. Deux cerveaux, deux voix, quatre mains, et une même recherche : atteindre un point de fusion, le temps de ce programme.

Leur projet de performance live se déploie en plusieurs “actes», inspirés de la structure d’une tragédie grecque. Composé de récits entrelacés, il réutilise certains codes de la tragédie (l’introduction du contexte, l’entrée du chœur, les commentaires lyriques), tout en déconstruisant certaines de ses conventions, notamment le dénouement fatal. Tout deux souhaitent inverser ce trope en proposant une contre-tragédie, une réponse à l’ascension de l’ignorance et de la violence, où le final devient une libération : une mue. Pour passer de l’idée à la réalisation, les sons utilisés seront des emprunts et des invocations. Leurs compositions se construisent de manière décloisonnée, sans frontières de genre. Tout deux convoquent des influences variées : néoclassique, donk, darkjazz, ambient, psychédélique, poésie, darkwave et field-recording, créant ainsi un univers sonore fluide et hybride.

La mue incarne un processus de passage, de transition. Plus qu’une métaphore, elle symbolise la tension entre ce qui se défait et ce qui émerge. Ce processus se traduit par une soustraction : enlever pour révéler l’essentiel, un son pur, un espace où chaque élément porte une nécessité. La voix et le corps deviennent des matières malléables, oscillant entre présence charnelle et dissolution spectrale. La mue se joue aussi dans le déplacement et la réappropriation des sons et des matières. Leur travail en duo repose sur cette double dynamique de transformation, qui va de l’intérieur vers l’extérieur et vice versa.
La performance live devient un espace de métamorphose, où le son et la voix se modifient en temps réel, devenant un rituel de passage.