Le label



EDITO

STUPEUR & TROMPETTE !

est un label discographique dédié à des projets artistiques innovants, mais aussi enracinés dans une histoire, dans un espace. C'est le sens de son articulation avec l'association A.M.I. - Aide aux Musiques Innovatrices - maillon central d'une "chaine de convoyage" dédiée aux artistes, qui va aujourd'hui des studios de répétition et ateliers permanents à la Friche Belle de Mai à Marseille, où cette dernière est installée, jusqu'à la diffusion, Festival MIMI en Arles et Concerts de Voyage, en passant par des résidences d'artistes croisant talents confirmés et créativités émergentes.

Malgré leur très grande diversité esthétique, la quasi-totalité des disques proposés par STUPEUR & TROMPETTE ! sont des témoignages (souvent premiers) d'aventures en marche, leur conférant ainsi une évidente humanité en plus d'une vraie exigence artistique : enregistrements de fin de résidence, collaborations avec d'autres producteurs de la Friche, témoignages de rencontres artistiques ...

Privilégiant une stratégie lente, STUPEUR & TROMPETTE ! cherche à développer, (ce qui semble se faire rare sur les rayons des disquaires), une véritable identité de label, à l'opposé d'un fourre-tout opportuniste.

Il table sur la croissance durable d'une clientèle amie et militante, non-sectaire et non-élitiste.

Ferdinand RICHARD


Se concentrant essentiellement sur la pré-production et le passage délicat entre amateur et professionnel dans le secteur des musiques nouvelles, l'A.M.I. - Aide aux Musiques Innovatrices se lance dans l'aventure de l'objet-disque à partir d'un constat.

Pour des raisons directement liées à la rentabilité de la grande distribution, les oeuvres enregistrées sont d'autant plus difficiles à diffuser qu'elles sont innovantes. Cet état de fait étant maintenant durable, on atteint un pernicieux effet réversible qui tend à faire croire qu'il n'y a pas de public pour l'innovation, et que, par conséquent, il n'est pas nécessaire de la distribuer.

Le résultat de ce cercle vicieux conduit implacablement à la quasi-impossibilité pour un artiste local produit en région d'avoir une mise sur le marché décente pour son oeuvre, surtout s'il a l'ambition de développer sa propre signature. Cette interdiction nie la validité du travail de pré-production effectué en amont par l'A.M.I (y inclus la validité de l'engagement public qui l'a soutenu), en le rendant inutile, puisque la chaîne de développement est ainsi tronquée. Par ce fait, elle annule aussi les possibilités du développement de l'emploi dans ce secteur, ignorant un gisement non négligeable.

Prendre en défaut cette implacable logique d'appauvrissement des forces locales de production, ou, au moins, lui adjoindre une complémentarité locale politiquement satisfaisante, passe obligatoirement par l'émergence de signatures fortes, originales, au-delà de toute exclusive esthétique. Nous parlons bien de la reconstitution d'un marché local cohérent (si elle est encore possible), allant de paroles d'artistes aux moyens locaux d'accompagnement (micro-entreprises, institutions, médias). On le voit, l'enjeu dépasse de beaucoup le strict cadre musical, et fait écho au plus vaste problème des hégémonies économiques.

Pour un jeune talent authentique, un des premiers droits culturels devrait être l'accès au marché à armes égales. C'est dans ce but qu'oeuvre l'A.M.I, et le label STUPEUR & TROMPETTE ! est le dernier maillon de la "chaîne de convoyage" qu'elle offre aux jeunes artistes. Voila donc la philosophie de la ligne éditoriale du label.

Ferdinand RICHARD