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Hamma
1998

Hip Hop d'en Face

De l'autre côté de la Grande Bleue, le hip-hop a pris racine. Hamma et Intik, deux formation de la scène rap algéroise, atterrissent, pour leur première sortie du territoire, à Logique Hip-Hop. Ces deux posse sont à la fois la old-school algéroise et l'avenir du rap algérien. Rencontre avec Nabil, l'un des trois rappers algériens

"être là, à Marseille, avec un album après 5 ans de galère, c'est déjà une victoire" lâche avec fierté Nabil. "Notre trophée, c'est d'avoir crée un rap algérien spécifique, pas une pâle copie du beat ricain, ni même de ce qui ce fait de côté-ci de la Méditerranée". Pourtant, comme tout le monde, les premiers lyrics des Hamma Boys ont été posés sur des instrus empruntés à des grands frères de rêve. "Quand on a démarré en 93, on était des gamins qui écoutaient Gangstarr, Public Enemy ou Run DMC. Après est arrivé le hip-hop français. Le hardcore nous fascinait, mais ça ne correspondait pas avec ce que l'on vivait, alors on a crée notre sauce". L'apparition des premiers boys band aura raison de leur particule finale. Très vite, ils créeront leurs propres instrumentaux sur cassette : "Système D à fond. Comme on n'a pas de samplers. On joue tout : les rythmes, la basse et l'accompagnement. Pour les scratchs, on utilise les platines qu'on trouve. Ce n'est pas des MK2". Seul un extrait d'un poème de Moufdi Zakaria, le poète de la Révolution et auteur de l'hymne national algérien a été pompé sur un disque. "Des vieux conservateurs, on trouvé cela insultant. Pour nous, c'était juste notre façon de dire que l'on aime notre pays".

Hamma représente

Hamma, notre quartier, a été à moitié démoli pour y installer un Sofitel. C'est pour ça qu'on a gardé le nom. L'histoire de notre quartier est représentative de la vie de notre pays. On vire les pauvres pour faire de la place aux riches". De la situation en Algérie, Nabil ne dira pas grand chose d'autres, se contentant juste de souligner la confusion générale qui hante les esprits de ses concitoyens. "L'état est arrivé à ce que ce soit les fils des pauvres qui s'entre-tuent entre eux". Comme la grande majorité des algériens, Nabil a la parabole. Comme la grande majorité des algériens, Nabil avoue ne plus regarder le 20 heures de chaîne d'État et lui préférer celui de TF1 ou de France 2. "La télé algérienne banalise les événements, tandis que les médias étrangers, eux, les gonflent un max. Souvent après les reportages des chaînes françaises, j'ai eu envie de casser ma télé. Je me rappelle d'un Bouillon de Culture, où la plupart des propos étaient mensongers. Même les algériens exilés participaient de ce mouvement, comme si ils avaient besoin de justifier par l'horreur leur présence ici. Le système algérien est condamnable pas l'Algérie".

"L'algérois, une langue dure…"

Cette parabole qui énerve est aussi le moyen de découvrir ce qui se passe en Europe. "Pour la musique, on a les clips sur M6. Quand le hip-hop s'est développé en France, ça a été pour nous comme un baume au cœur. On pouvait imaginer alors nous aussi développer notre propre style. L'Algérois est une langue dure - truffée de mots turcs ou français - qui se prête bien à la scansion du rap", souligne le pro du mic. "Au bled, rien n'est simple. Sans producteur prêt à financer nos enregistrements, on s'est longtemps contenté d'enregistrer seulement un titre par an. Dès qu'on a pu en 94, couché deux titres -"SOS" et "Omar, Victime du Pouvoir" sur une cassette, on l'a fait. La cassette a servi à alerter les médias, à les informer de notre travail.". Mais le poids de la censure se fait vite sentir. Dès qu'un titre aborde de front les problèmes de l'Algérie d'aujourd'hui, il finit au placard. Hamma a donc choisit pour son premier album paru cette année d'y glisser deux titres plus anodin où il n'est essentiellement question que de filles, deux juments de Troie pour pénétrer la citadelle des radios et de la télévision. Ce 7 titres a été bouclé en cinq jours au studio de la chanteuse Fella Ababsa. "En France, notre album c'est ce que nos collègues d'ici appellent une maquette".
"Pour les algériens, la langue française est un butin de guerre gagnée aux colons. La récente loi sur l'arabisation est forcément merdique. La moitié du peuple parle français. A l'université, on parle français. Même les vieilles femmes qui n'ont jamais été à l'école connaissent le français". Des liens avec les rappers hexagonaux devraient donc pouvoir se tisser sans problèmes. En amont même de Logique Hip-Hop, Imhotep s'est déclaré intéressé par une collaboration avec ces cousins de cœur, qu'il a personnellement invité à participer au festival. L'auteur de "Blue Print" est né à Alger. Pour Nabil, Imhotep jusqu'à présent était un intouchable. "On a les mêmes vues sur la musique. Avec lui, on devrait pouvoir sortir de très bonnes choses, pas banales. Son album "Blue Print" en est un excellent exemple. Ses samples qui semblent extraordinaires ici, sont notre quotidien. Ce sera l'occasion de montrer que l'Algérie, ce n'est pas que le raï, qu'il existe une multitude de rythmes, de genres et de styles" s'enthousiasme Nabil.

La rédaction de Scratch