les 3 MIMIS

novembre 2002
Ferdinand Richard


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Dès son origine (1986), le Festival MIMI a voulu échapper aux inconvénients parfois induits par d’exclusifs supports de diffusion. Il est en effet très vite apparu qu’il était incohérent de prétendre sortir de l’ombre des artistes innovants pour les renvoyer dans l’anonymat le lundi suivant. Immédiatement, la question de l’environnement de ces artistes (nous pourrions même, d’une certaine manière, parler d’"écologie culturelle"), la question de l’amont et de l’aval, la question des personnels d’accompagnement, se sont imposées avec force.


Presque vingt ans plus tard, ces questions restent les mêmes, y compris et surtout dans le cadre des coopérations internationales de notre Centre, mais elles se posent par l’autre extrémité de la question, si l’on peut dire.
En effet, tous les efforts louables et constructifs d’échange de formation, de structuration, de développement local, que nous avons pû entreprendre avec nos partenaires étrangers ont besoin aujourd’hui, à la fois de s’exprimer à travers des "exercices grandeur nature", et en même temps de plate-formes de visibilité, de communication, voire d’explication.

C’est pourquoi il parait aujourd’hui opportun de construire chaque année trois festivals-ateliers de taille modeste (Marseille, plus ancienne et plus cosmopolite ville de France, Narian-Mar, capitale de la Région Autonome des Nenetzs en Russie du Nord, Kinshasa, coeur battant de l’Afrique Centrale) respectivement intitulés Mimi, Mimi-Nor et Mimi-Sud, complémentaires dans le temps et dans l’espace (printemps pour Mimi-Nor, été pour Mimi, hiver pour Mimi-Sud), en réseau permanent, autant sur les personnels de production que sur les artistes. Cet échange (finalement permanent) entre un plateau artistique et un panel de professionnels communs aura, nous en sommes persuadés, un impact formateur certain, sans compter ce qui est peut-être le plus important, l’émulation et le soutien nécessaires à l’émergence de nouveaux opérateurs et de leurs réseaux dans les villes, régions et pays concernés.
Nous estimons à une cinquantaine le nombre de collaborateurs impliqués dans cette circulation, de quelques dix nationalités différentes (dont une majorité de provencaux, bien sûr), dont beaucoup sont issus des ateliers croisés précédents mis en place par l’A.M.I., passant ainsi du stade de "stagiaires" au stade de "formateurs".
Quant aux artistes concernés, ils suivent en général les profils des artistes habituellement présentés par l’A.M.I., en essayant de respecter des couleurs locales sans tomber dans une dérive folkloriste.
Cette sorte de pépinière, modeste par la taille, mais ambitieuse en ce qui concerne ses objectifs, est unique à notre connaissance.
Entre autres avantages, elle placera automatiquement Marseille et notre région à la place qu’elles peuvent briguer, celle d’une des plus dynamiques capitales culturelles mondiales, pas seulement par ce qui s’y fait, mais aussi par ce qu’elles peuvent générer dans lemonde.
En regard de ce bénéfice (d’image, de réseau, de formation, etc... en un mot, de richesses), l’investissement que représente cette épine dorsale est infime.

D’ores et déjà, Mimi (17 ans) et Mimi-Nor (1 an) existent. Jean-Michel Champault, directeur de la Halle de Gombé, Centre Culturel Français à Kinshasa, est extrèmement demandeur de Mimi-Sud et de son cortège d’ateliers, et nous en sommes déjà au stade des discussions techniques et de l’approche logistique pour un évènement prévu en octobre 2004.

En interne, la mise en place de cette "épine dorsale" présente de nombreux avantages, notamment une clarification certaine des articulations de travail, des synergies, mais aussi une appréciable économie d’échelle.
En outre, elle met pleinement en exergue les missions que le Centre et ses tutelles lui ont fixé, à savoir l’innovation artistique, le développement culturel, la démocratie culturelle, la proximité culturelle.