Festival MIMI 2014


Festival MIMI : 29e édition
2 - 6 juillet 2014


Since 1985 and since 2001 on the Frioul Islands in Marseille Bay. An innovative, transaesthetic programme.

 

esthétiques
Festival MIMI 2014

Les éditos de MIMI 2014

les éditos (FR)

place à Ferdinand Richard

les éditos (FR)

Par Ferdinand Richard, directeur

Bonne nouvelle, malgré l’abstention très à la mode, la mairie libre du Frioul n’est pas passée au Front national...
Bon, je l’avoue, en gestionnaire prudent, mon option B prévoyait un festival de musiques provenço-militaires avec reconstitution historique en maillots de bain d’époque (en pure laine marronnasse, gratouilleuse des genoux au menton), une sorte de Puy du Fou insulaire avec filtrage au faciès à la billetterie du Vieux-Port, fin des festivités à 22h30 et messe à 8h30 en latin (la France qui se lève tôt...), mais quand même gros rouge et sauciflard à volonté (la préférence nationale...).
Et puisque la tendance est au populisme, on avait même envisagé The Voice live-in-the-hospital, avec grosse subvention de Marine (patronne d’un des clans les plus riches de France, même si elle dit qu’elle s’intéresse aux pauvres... Allez, Marine, allonge les francs !!!).
Caramba, encore raté !!! On a senti le vent du boulet...
Du coup, sur notre île, en tout cas pour cette année, on continuera à jouer les éphèbes vêtus de trois fois rien (mais trois fois rien, c’est la classe...), on fera les ados irresponsables mais éco-responsables, gagas de musiques décadentes et immigrées propres à vous beuguer le logiciel national. Mieux que ça, cette année, on envahit le continent : la horde mimiste aux grandes oreilles débarque le 2 juillet à l’U.Percut, le 3 aux plateaux de la Friche, sans parler du WAAW le 10 juin, etc.
Bref, le Drapeau Noir flotte sur Marseille-Provence 2014...
Ah, c’est dur, la Culture...
Mais c’est chic la politique,
c’est tendance l’intermittence,
c’est cool le Frioul...


Mercredi 2 juillet

Nuit des langues pendantes

A l’U.Percut, le direct au foie, on pratique... Un vrai ring... On sait par où on rentre, on ne sait pas sur quelle civière on sortira... Pour commencer MIMI, une petite intraveineuse d’adrénaline histoire de se débarrasser des impuretés des douze mois passés, ça ne peut pas faire de mal. Un traitement de cheval, qu’il vous faut, ça se voit au blanc de l’oeil, pas mal jauni par les excès de 2013. Eh oui, trop de marshmallow tue...
Côté infirmières, on a trouvé ce qui se faisait de mieux en ville : Postcoïtum, ça serait plutôt du genre soigneuse de rugbymen, et Sugarcraft du genre Docteur Folamour... Ca vous chope, ça vous malaxe, ça vous tripote, ça vous pète le câble, ça vous hébète, ça vous extirpe chaque goutte de toxine, plus le temps de finasser, vous êtes trop atteints... Certes, vous sortirez sur les genoux, avec la langue pendante, mais vous bénirez ce bon papa Ferdinand et Sista Elo, ceux qui savent ce qui est bon pour vous...

Jeudi 3 juillet

Nuit du chapiteau et de la plume

Chacun se raconte son folk, chacun se fait son jazz...
Celui des lounges pas chers où l’on se noircit au Johnny/Québec sans glaçons et sans copines, celui des chauffeurs de taxi de la Gare Saint-Charles branchés Radio-Jazz, celui des soirées en sous-préfecture et en veston Ted Lapidus.
Moi, j’aime le jazz surnaturel et le folk animiste, qui vous branchent avec l’au-delà (ou l’en-deçà). Question surnaturel, Josephine et Camel taquinent. De vrais mediums... Après les pirogues sacrées le long du fleuve Niger, Camel poursuit sa recherche du « passage pas sage » avec les Gnawis de Biskra, vieux sages algériens, plus quelques jeunes fous racolés dans les rues de Marseille, plus une section de cuivres à gonfler le chapiteau du cirque Pinder. Josephine, comme une plume de colibri caressée par le zéphyr, descend doucement sur notre pauvre terre meurtrie, sa voix irréelle nous déchire de l’intérieur, les tables tournent, nos têtes aussi, subjuguées par la grâce du folk-blues, tous amoureux de l’archange !!!

Vendredi 4 juillet

Soirée Juliano Mer-Khamis


Partout où ça résiste, on peut être sûr que là-dessous il y a des artistes. C’est vrai au Caire, c’est vrai à Kiev, ça a dû être vrai ici (qui s’en rappelle ?)... Mais les artistes rebelles à mains nues n’ont pas de kalach, sont des cibles en pleine lumière, comme Juliano Mer-Khamis, le fils d’Arna, l’homme du Théâtre de la Liberté à Jénine, abattu comme un chien par un individu masqué, le 4 avril 2011. Nous lui dédions cette soirée.
Il y a longtemps, Zeid Hamdan, libanais multi-talents (comme tous les artistes libanais), est devenu notre petit frère. Il nous apporte sur un plateau d’argent la lumineuse Maryam Saleh, jeune artiste charismatique qui chante les pamphlets de Sheikh Imam et Ahmad Fouad Najm, plumes d’Égypte trop souvent emprisonnées. C’est le pavé de la place Tahrir. DakhaBrakha, autres chanteuses à chair de poule, fraîchement descendues des barricades de Maïdan, puisent dans les chants de l’ancienne Ukraine de quoi construire la nouvelle. Elles allument des feux de MIMI aux Transmusicales en passant par les Eurockéennes.
Quand les femmes chantent, les murailles se fissurent... C’est la puissance biblique des ultrasons...

Samedi 5 juillet

Nuit des lambeaux de corazón

Notre archipel est un carrefour planétaire.
Regardez la carte (la vraie, pas la Michelin) : le Frioul est dans le prolongement de New York, juste avant Sarajevo. Le chauffeur dans l’autobus, c’est Nicolas Cante, indiscutable claviériste, moitié aixois moitié sarajevien, nonobstant oiseau de nuit et free-wheeler de free-parties. Il va brancher la rallonge entre les stars du Sevdah, qui font se pâmer les filles bosniaques, et les plus célèbres noctambules de New York/New York, j’ai nommé Suicide, Alan Vega et Martin Rev, les prophètes du clavier nocturne et minimaliste, souvent imités, jamais égalés, présidents des Etats-Unis de la Bowery, propriétaires de la plus belle boîte à rythmes du monde. Un samedi soir sombre et rougeoyant, un cocktail qui coule dans la gorge sans un poil de gras, un goût de braise, de banquise brûlante, de lambeaux de corazón et de trucs qui décapent les dents... Les absents auront tort. Pour l’éternité, ils sangloteront leurs regrets dans le désert du Cours Julien... Sicuramente...

Dimanche 6 juillet

Nuit je-te-tiens-tu-me-tiens-par-la-barbichette


Tiens, ce soir, comme c’est bizarre, deux concerts qui n’auraient rien à voir !
Mais est-ce que ça existe, deux concerts qui n’auraient rien à voir ?
Qui, de Rafaelle, de Yann, d’Etienne ou de Richard, est le plus enjoué ou le plus triste ?
La joyeuse corrosion de AIE n’aura-t-elle aucun effet sur l’irréductible sillon de Pinhas et Jaumet ? Les épines du duo urticant pourront-elle chatouiller la forte tête des années 70 ? La ritournelle de la délicieuse harpiste et de son géant batteur restera-t-elle aussi insouciante devant Heldon, celui-là même qui a commis le 45 tours de soutien à la Rote Armee Fraktion, ou devant Jaumet, sous perfusion des cauchemars de John Carpenter ? Finalement tout cela n’est-il pas le même langage ? Faut-il en pleurer de rire ? Faut-il rire à en pleurer ? Est-ce le public qui craquera le premier ?