Festival MIMI 1986 - 2007

Since 1985 and since 2001 on the Frioul Islands in Marseille Bay. An innovative, transaesthetic programme.

 

esthétiques
Festival MIMI 1986 - 2007

MIMI 2004 (FR)

MIMI 2004 (FR)

19e edition
Iles du Frioul – Marseille


EDITO

En France, les producteurs discographiques indépendants ne représen ten t que 3,3 % de parts de marché, contr e 16,1 % en moyenne dans les autres pays européens et 23,5 %dans le monde. Triste exception culturelle française !!!
Bien que la France soit persuadée d’être le sanctuaire le “plus culturel au monde”, c’est bien la consommation industrielle d ’objets “de culture” et ses perversions (festivalisation, pôles d ’excellence, télé-réalité…) qui, ici, tirent les marrons du feu.

Au-delà de cette orgie consommatoire (dont il faut bien admettre qu’elle ne garantit en rien la qualité des politiques culturelles publiques), il y a aussi la violence faite à tout un chacun : la quantité de films, disques, livres, festivals …à ingurgiter en un temps record pour s’afficher “cultivé” suit une inflation psychologiquement dangereuse. Nos têtes enflent … c’est même très inesthétique .

D’où les propositions suivantes :
Ne venez à MIMI que si cette “consommation ” est le point de départ d’une écoute intérieure, d’une musique de l’âme (soul music, in English). Ceci vous rendra fort.
Ne venez écouter que si cela vous conforte dans votre désir de faire (ce que bon vous semble). Professionnel ou pas, on verra plus tard …
N’attendez pas d’être remboursé au cas où vous n’auriez pas aimé l’intégralité du programme. Vous n ’êtes pas ici pour “adorer ”,mais pour résonner .
Sur les gradins, écoutez les “exceptions culturelles ” de vos voisins étrangers…des surprises sont possibles .

Vous avez tout à fait le droit de ne posséder qu ’un disque, de ne pas avoir de diplômes, de ne jamais lire les Inrocks et Télérama, et de ne pas être français…mais ceci n’autorise personne à vous considérer inculte.
Défendez-vous !

Ferdinand RICHARD


Nuits des complices
Les Paésines : auparavant nous ne savions que chanter
de François-Michel PESENTI

Tout au long des années, nous avons croisé Pesenti,et bien souvent à MIMI, où ce rare metteur en scène vient probablement chercher dans une autre discipline (au sens premier) que la sienne des juxtapositions, des émotions productives, des chocs de fréquence qu’il traduit en rapports humains. Il y croisa Fred Frith, pour y ébaucher l’opéra Helter Skelter, dont les déclinaisons multiples se retrouvent dans nos annales.
Cette fois, Pesenti veut inviter nos mimistes sur la scène mouvementée des Paésines. Nous nous trouvons là (mais aussi avec Silent Block,avec la Compagnie Maat),chers amis, devant le pluridisciplinaire si cher à nos experts culturels. Je dois avouer ici qu ’il ne se décrète pas. Les artistes n ’ont pas besoin de nous pour s’inventer d’inattendues complicités, et c ’est bien comme ça …


Nuit dégraissée
Silent Block (France)
Cowhause (USA)
Derek Bailey (Grande-Bretagne)

Il y a quelque chose de graphique, de linéaire, dans les musiques de ce soir. Cela ne veut pas dire qu ’elles ne nous vont pas droit au cœur. Derrière l’architecturalité des “instruments” de Silent Block,, nous retrouvons la poésie pure de Le Junter, nouveau facteur Cheval technologique. Et le laptop de Colin Bricker joue vraiment le jeu délicat de l ’enluminure pour les petites “chansons” têtues de Janet Feder, rien à voir avec les omniprésentes couches de son digital que vomissent nos modernes ordinateurs. Ici, pas de chantilly. Tout est réduit à l’essentiel, et quel maître mieux que Derek Bailey pour dégraisser ce rapport direct entre l’âme de l’artiste, ses doigts, le bois, nos oreilles, nos cœurs ?

Nuit des habillés en noir
Katz (France, Toulouse)
Univers Zéro (Belgique)
31 ans de caractère pour Univers Zero,un cap gardé contre vents et marées,de quoi acquérir une légitimité et un respect rarement égalés. Ici, pas de salmigondis plus ou moins mystique, pas de langage extra-terrestre. Le truc qui fait décoller, c’est la composition et le jeu. Et ça décolle grave ! Univers Zero, co-fondateur de Rock in Opposition, naïf réseau préhistorique, a finalement laissé plus de traces “esthétiques” dans les générations suivantes qu’au moment même de ses velléités “politiques”. En ce qui concerne les générations suivantes, justement, on retrouve chez Katz cet amour de la composition bien faite, des spirales qui élèvent, des pirouettes savantes.Là aussi, pas de falbalas, du vrai son,du vrai travail,une œuvre en bronze qui se dégage de la gangue, partout et pour tous. Ce témoin-là est bien passé.


Nuit du retour des enfants prodigues
Scorch Trio (Finlande / Norvege)
Otomo Yoshihide’s New Jazz Ensemble (Japon)
Tous deux guitaristes de formation,Otomo et Raoul sont d ’efficaces destructeurs de mode d ’emploi,des brouilleurs de piste de premier ordre. De vrais pionniers … L ’un comme l’autre se laissent difficilement enfermer dans un style, une image, des collaborations attendues. Les deux sont éminemment prolifiques, mais ne construisent, d’une certaine manière, qu’une seule œuvre, leur signature. On les veut “noisy”, ils composent des berceuses. On les attend dans le jazz improvisé,ils fricotent avec les compositeurs. On les voit comme des stars, ils sont modestes. Otomo, ici, se ressaisit du jazz de ses origines, de l’époque des “jazz kissa”, y ajoute ses photos de vacances, ses voyages. Raoul, après avoir joué avec Jah Wobble, Bill Laswell, enregistré deux albums pour ECM, et mis sur pied un ensemble de quarante guitares,revient à ses gammes, BB King, Hendrix, Coltrane, Zappa. Transcendance des origines…

Nuit à 360°
“Temporament”, compagnie Maat (France /Égypte)
Tinariwen (Mali)
C’est l’endroit plat qui est ici le commun dénominateur.
Le corps humain comme seul monticule dans un espace, disons, désertique…Karima Mansour, danseuse égyptienne, Ahmed Compaoré, marseillais-égypto-burkinabé, recréent sur la scène de Mimi un espace sans limites apparentes, peu meublé. Les corps dansent,bien sûr,mais sont aussi percussions, emballages. Il s ’agit d’un couple seul au monde.
Les Tinariwen sont sept, quant à eux, mais assis sur les tapis des tentes, comme au désert, avec presque rien, quelques guitares électriques d’origine tchèque, et ils chantent la musique de la jeunesse touareg, des histoires d’émancipation, de pannes de camion, des rêves avec des balancements de chameaux et cette “nostalgie positive”, une giga- force que seuls des gens comme eux peuvent vous faire ressentir.

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